Beth et Josh

On approchait de Noël, Beth aurait dû aller faire les magasins, chercher des cadeaux. Elle adorait cette période, pouvoir faire plaisir comme ça aux gens. En général elle sortait vers 16H30, puis faisait les boutiques avant d'aller boire un bon chocolat au Three Guys Coffee. Elle aimait la ville, ses lumières, tout brillait un peu plus fort en cette période.

Mais Beth ne sortit pas ce jour-là. Comme tous les autres jours. Depuis qu'elle avait surpris Josh avec cette fille, elle avait mis sa vie sociale entre parenthèses. Plus l'envie, plus le goût. Bien sûr ses amies s'inquiètaient, surtout qu'elle avait perdu beaucoup de poids, mais tout ce qu'elle voulait, c'était qu'on lui fiche la paix.

Elle sonna la gouvernante, pour se faire allumer un feu dans sa chambre, et enfila un sweet en cachemire blanc. Elle avait tout le temps froid en ce moment, et se traînait toute la journée dans des grosses chaussettes en pilou gris perle. Heureusement que sa tante devait être absente pour plusieurs semaines, elle n'aurait pas eu la force de faire semblant.

Dois-je servir une collation à mademoiselle ? lui demanda soudain la gourvernante, l'interrompant dans ses réflexions.

Non merci Doris, c'est très bien comme ceci. Beth se replongea aussitôt dans ses pensées. Elle revoyait en boucle Josh et cette fille. Elle secoua la tête, comme pour chasser ces pensées, et s'affala sur son lit avec son livre préfèré, Orgueil et Préjugés. Sûr qu'il allait la faire pleurer, mais elle ne se sentait vraiment pas l'envie de faire quoi que ce soit d'autre. Finalement, elle finit par s'endormir, en larmes...[/i]

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Mélancolique, malgré ses prestations sportives, ses buts, ses résultats brillants, Josh rongeait ses remords depuis sa rupture avec Amber. Jamais il n'aurait pensé autant souffrir. Et voilà que le quotidien éreintant du hockey professionnel, son quotidien, ne l'épargnait plus des peines de coeur...

Aussi décida t'il, stratégie murement réfléchie au gré des déplacements sur le continent, de prendre le taureau à bras le corps. Que risquait-il, sinon d'être ridicule, en allant s'excuser auprès de Beth. La seule qui l'ai vraiment comprise dans sa vie. Une vie dédiée à sa passion, devenue son métier. Mais une vie qu'il ne voulait plus vivre. Plus vivre seul en tout cas... Il était temps d'assumer ses sentiments, le gâchis avait suffisamment duré.

Motivé par le gardien réserviste de l'équipe, qu'il connaît depuis de nombreuses années, il décida, ce jour-là, de forcer son destin. Rendu au pied se sa suite, il souffla avant de s'annoncer. Tout un défi s'ouvrait à lui. Le plus grand de sa vie même !

Bonjour, excusez-moi de vous déranger. Je souhaiterais parler à Beth, je suis une de ses vieille connaissance et m'avait invité à venir quand je le voulais.

* Ca, c'était vrai avant mon gars. Et maintenant, elle te sautera au coup ?*

Enfin, si elle est là bien sûr...

Aussi rouge que la feuille d'érable ornant son drapeau national, Josh obtint confirmation de la présence de Beth en ces lieux. La gouvernante se pressa aussitôt d'aller la quérir, l'invitant à la suivre jusqu'à sa chambre. Les dés sont jetés, rien ne va plus...

Sur les talons de la bonne, il ne prit pas la peine de découvrir le décor de son appartement, torturé qu'il était par l'angoisse. Car il était angoissé. Petit à petit, il en était tombé amoureux. D'amie à favorite, du temps avait passé. Du temps les avait même éloigné. Pour mieux les rapprocher ?

La belle encore endormie, il dû convaincre la bonne que sa démarche serait du meilleur effet auprès de Beth. Laquelle, toute dévouée à elle, ne saurait entraver son bonheur. La porte entr'ouverte, il se glissa, observa, et se glissa à pas feutrés vers son chevet. Et, dans cet effort herculéen, qu'il ne se serait jamais cru capable de réaliser, il caressa doucement sa joue. Un sourire s'esquissa aussitôt sur son doux visage. Il espérait maintenant qu'il ne se muerais pas en colère, en dégoût, à son réveil, devenu maintenant imminent...

Beth sentit vaguement, dans son sommeil, qu'on lui caressait la joue. Son cerveau eut vite fait d'analyser que la situation ne correspondait pas du tout avec ce dont la jeune fille rêvait : toujours la même chose, Josh et sa copine. Une larme avait même perlé au coin de son oeil, mais sentir cette caresse la fit sourire. Elle ouvrit doucement les yeux, et eut l'étonnement d'apercevoir Josh, en chair et en os cette fois.

Elle se reculat sous l'effet de surprise, puis se leva. Au passage elle dut remonter son pantalon de jogging, qui descendait tout le temps depuis qu'elle avait perdu du poids. Bref, elle eut l'air d'une vraie paumée devant lui.

Je ... qu'est-ce que tu fais là ? fut tout ce qu'elle trouva à lui dire, d'un ton ni faché ni amical, juste étonné

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Il se sentait maintenant coupable. Comme toujours. Assis sur le bord du lit, il la regarda se mettre à son aise, et lentement émerger de son sommeil. Il craignait un réveil difficile, houleux. De se voir mettre à la porte même. Rien de tout ça ne s'était passé. Seulement une question, posée du bout des lèvres, et un regard plein de surprise masquant, il le devinait, une infinie tristesse...

Salut, j'ai pris la peine de passer. Cela fait quelques temps qu'on ne s'est pas vu...

Le hockey professionnel étant ce qu'il est, son emploi du temps se fondrait presque avec celui d'un minstre. Pour autant, de telles contraintes ne l'empêchait pas, à l'époque montréalaise, de la voir bien plus souvent.

Ca va ? Je suis désolé, j'espère ne pas trop t'importuner.

Il n'en dit pas plus. Elle connaissait la musique. Les déplacements, les matchs, les médias. Inutile de lui resservir cela en guise d'excuse pour l'avoir négligée. Il se contenta d'un sourire qu'il voulait chaleureux, et d'une petite composition florale, dénichée au gré de sa méditation, qu'il lui présenta après l'avoir jalousement dissimulée à ses pieds . Un doute l'étreint aussitôt. Etait-il vieux jeu ?

J'ai pensé à toi. Cela longtemps en fait tu sais.

Sans lui laisser le temps de répondre, il se rapprocha doucement. Au point de sentir, au-delà du volute floral, le parfum si familier dont raffolait Betty. Le nom lui échappait mais cela importait peu. Pour un sourire, tout s'éclairerait. Il le sentait...

Beth observa Josh, il avait changé. Elle lui trouvait les traits tirés, il avait l'air fatigué. Même si elle ne l'avait plus vu depuis quelques temps maintenant, elle continuait de suivre ses exploits... Toujours plus haut, toujours plus fort, New York lui réussissait, il n'avait jamais tant scoré, et on n'avait jamais tant parlé de lui.

Je sais que tu as beaucoup voyagé avec l'équipe. Et puis le reste du temps, tu as tout de même une copine à t'occuper.

Elle n'avait pas pu s'empêcher de le dire. Elle sentit en même temps une larme perler au coin deson oeil. Elle ne se sentait vraiment pas prête à le voir, maintenant, dans ces conditions. En plus il lui avait amené des fleurs ! Pourquoi fallait-il qu'il soit si ... parfait ? Il lui dit qu'il a beaucoup pensé à elle, et sa voix tremble un peu quand elle lui répond moi aussi tandis qu'il se rapproche d'elle. Pourquoi est-ce qu'il lui faisait autant d'effet ? Elle aurait aimé pouvoir le sortir de sa tête en ce moment. C'était trop dur de le voir, et de ne pas l'avoir.

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Tu veux parler d'Amber ? C'est du passé tout ça tu sais...

Il vit une larme serpenter sur son visage. Et si, elle aussi, était devenue amoureuse de lui ?

Tu es sûre que ça va ?

S'il s'écoutait, il la serrerait fort dans ses bras. Aussi se plait-il à prendre sa main, la caressant doucement, lentement, comme s'il fallait la rassurer.

Veux-tu que je t'apporte quelque chose ?

Tu veux dire que c'est fini vous deux ? Beth avait toujours la voix tremblante. Quand Josh lui prit la main pour la caresser, elle eut l'air ailleurs pendant quelques minutes, puis s'écarta rapidement de lui.

C'était trop pour elle. Trop dur de le voir débarquer ici, après ces dernières semaines où il ne lui avait pas donné la moindre nouvelle. Elle se réfugia dans un de ses grands et confortables fauteuils devant sa cheminée, releva ses jambes et cacha sa tête dans ses genoux pour mieux sangloter.

Tu peux pas. Tu peux pas revenir ici comme ça. Comme si de rien n'était, juste parce que tu as un bouquet de fleurs. Tu sais ce que ça m'a fait ton comportement ?

Elle pleurait maintenant à chaudes larmes, elle avait besoin d'évacuer toute cette peine qu'elle avait emmagasinée. Il s'était rapproché d'elle, lui caressant doucement le dos. Elle ne l'avait pas repoussé. Elle avait l'air d'une enfant d'un seul coup, après s'être donnée tant de mal pour avoir l'air plus mature, voilà qu'elle craquait complètement. Elle ne comprenait pas non plus pourquoi il était là. Pour elle c'était clair qu'il ne l'aimait pas, sinon pourquoi est-ce qu'il serait sorti avec cette fille ?

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Il fallait s'y attendre. À la place de Betty, il aurait surement réagi ainsi. Pour autant, il se sentait tout aussi attristé qu'elle. Triste d'être aussi stupide, aussi ridicule, aussi insignifiant aussi. Au fond de lui, Josh n'était qu'une âme égarée, seulement aiguillée par son talent naturel crosse en main. Mais pour le reste, il patinait en eau trouble.

Je ne m'étais jamais rendu compte de tes sentiments. Si effectivement tu en a à mon égard. Je m'en excuse sincèrement, j'ai honte de t'avoir fait souffrir. Je n'en vaut peut-être pas la peine tu me diras, mais au moins j'ai enfin eu le courage de venir te l'annoncer. Tu... enfin je... j'aimerais qu'on.... euh

*Espèce d'abruti, dès qu'on t'enlève tes patins tu vaut décidément pas un clou !*

Je t'aime...

S'il était un albatros, Josh se serait envolé à tire d'aile par delà les flots... Maintenant, baissant les yeux, il n'osait pas affronter la réaction de Beth.

Il l'aime, elle a à peine entendu ce qu'il a dit d'autre. Ah si ! "Si effectivement tu en as à mon égard" Drôle de question vu l'état dans lequel elle est. Peu importe, elle en retient qu'une seule chose : il l'aime. Le mec qu'elle aime depuis leur première rencontre, son best, son alter ego, il est enfin amoureux. Elle relève la tête de ses genoux e le regard, il est assis juste au-dessus d'elle sur le bras de fauteuil. Il attend sa réponse. Elle a encore des larmes pleins les yeux, mais elle sourit maintenant. Elle appuie sa tête contre son bras (à lui), qui lui caresse toujours le dos. Elle le regarde, il est beau, et puis elle se sent tellement bien avec lui. Elle murmure à peine Moi aussi

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À ce murmure Josh, un peu étonné, leva ses yeux vers Betty. Un sourire se dessina sur son visage, illustrant un bonheur naissant. Convaincu, il se rapprocha, encore, et la serra doucement contre lui. Puis, essuyant délicatement ses larmes, se rapprocha davantage encore... Elle aussi, et leurs lèvres se rejoignirent, dans un mélange d'appréhension et de plaisir partagé. L'espace d'un court instant, le monde s'arrêta de tourner. L'espace d'une minute, tous leurs repères s'évanouirent...

Je t'aime depuis le premier jour tu sais...

Elle arrivait pas à y croire, après tant de temps, il venait de l'embrasser. Et quel baiser ... Un peu court à son goût mais ce genre de moment, c'est toujours trop court. Il embrasse vraiment bien. Elle se serre contre lui, et elle l'écoute prononcer ces mots hallucinants "Je t'aime depuis le début". Dire qu'ils se sont tournés autour tellement longtemps, alors qu'ils ressentaient la même chose. Mias là tout de suite, elle veut pas y penser. Elle se concentre simplement sur l'instant présent, sur les yeux de Josh qui la regardent comme si elle était la chose la plus précieuse au monde. Elle lui rend son regard et son baiser, plus longtemps cette fois. Il passe sa main dans ses cheveux, comme une caresse. Elle se sent bien là, elle a plus envie de bouger, plus envie de retourner en cours, elle a même plus envie de sortir de sa chambre, tant qu'il y reste avec elle. Je t'aime tellement ... J'ai cru mourir quand je t'ai vu la dernière fois.
Elle repense à ce jour-là au café, ça semble loin maintenant, ici, dans les bras de Josh. Elle l'attire vers lui pour qu'il s'installe à sa place dans le fauteuil, ensuite elle s'installe sur ses genoux. Il la serre dans ses bras, elle s'appuie contre son torse et elle pleure un peu, tout doucement. Il lui a tellement manqué.

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